Le soir, dans la flamme bleuâtre,
Si les Follets et les Lutins
Dansaient sur les chenets de l’âtre,
Au son des grelots argentins ;
Si l’on voyait sortir Morgane
Du lis et du camélia,
Et sur les branches de liane
Se balancer Titania ;
Si de l’air les joyeuses reines,
Aux yeux des pères fortunés,
Se penchaient encor, les mains pleines,
Sur le berceau des nouveau-nés ;
Enfant ! vous auriez des corbeilles
D’émeraudes et de rubis ;
Vous auriez des robes vermeilles
Faites pour vous par les Trylbis ;
Des oiseaux d’or et d’écarlate
Pour vous endormir chanteraient,
Et dans une conque d’agate
Les Sylphides vous berceraient !
Hélas ! les Péris étouffées
Sont mortes depuis six cents ans,
Et l’on n’invite plus les fées
Pour le baptême des enfants !
Mais il est d’amoureux génies,
Parlant un langage inappris,
Qui soumet à leurs voix bénies
Le peuple immense des esprits.
Ils ont le secret des puissances ;
Les astres sont leurs familiers :
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