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Sur ses reins fléchissant son cou s’est renversé,
Et, vierge, sur les fleurs et la mousse odorante,
Le lit prêt pour l’hymen la reçut expirante !

J’implorai tous les dieux ; des rameaux bienfaisants
Pour elle j’exprimai les sucs les plus puissants ;
Comme l’âme d’un lis, que le zéphyr emporte,
De ce premier baiser mon amante était morte !

Dieux que je sers ici ! dieux des grandes forêts,
Seuls vous avez connu l’horreur de mes regrets,
Et quelle vision, obstinée à me suivre,
Depuis ce jour cruel sut me forcer à vivre,
Son ordre, et de l’oubli votre culte sauvé,
Et votre sacerdoce à mes mains réservé,
Seuls m’ont pu retenir sur la terre attristée
Que par mon crime, hélas ! votre fille a quittée.
Je reste pour garder, sous ces arbres chéris,
Vos rites éternels qu’elle m’avait appris,
Et répandre, en son nom, les vertus salutaires
Dont les fleurs du désert lui livraient les mystères.

Je tressai de feuillage un verdoyant linceul,
Et le soir, de la grotte ayant creusé le seuil,
J’y couchai de mes mains la blanche trépassée,
Gravant sa douce image au fond de ma pensée.
L’invisible nature a repris, dès ce jour,
Et cache dans son sein tout ce que j’ai d’amour.

Sur la tombe, à genoux, durant la nuit entière,
J’y versai devant Dieu mes pleurs et ma prière,
Vers l’aube, un sommeil plein de songes merveilleux,
Sans assoupir mon cœur, descendit sur mes yeux ;
Et quand vint le soleil et l’hymne qui s’élève
Des sources et des nids, faire envoler mon rêve,