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Dans les détours du cœur, comme en ceux des vallons,
Tu parais, et les blés jaillissent des sillons,
L’eau coule des rochers, les nids se font entendre,
La feuille printanière exhale une odeur tendre,
Et l’homme tout entier est rempli d’un doux feu
Qu’il répand sur chaque être et qui remonte à Dieu !

» Père de la beauté, toi seul nous la révèles ;
Dans ton sein créateur tu portes ses modèles.
C’est par toi qu’au désir l’intelligence naît,
Roi sage et lumineux, par toi qu’elle connaît.
C’est toi qui fais sortir tout être de lui-même,
Et de chacun à tous fais le lien suprême ;
Tout s’ouvre, et tout se mêle, à ta sainte chaleur ;
O père de l’amour ! tu fais vivre le cœur.
Sans toi la nuit, le doute, et les terreurs funèbres,
Et l’immobilité dans le froid des ténèbres,
Et l’esprit infécond dans son isolement :
Par toi l’espoir, la foi, l’épanouissement,
Et le ciel en largesse, et la terre en prière,
Et la communion au sein de la lumière !

» Mais, dis-moi, tous ces dons versés à pleines mains,
La vie à la nature et la vie aux humains,
Ces effluves d’amour en qui flottent les mondes,
Où les v&s-tu puiser, toi qui nous en inondes ?
Quand tes feux sont taris, pour les renouveler
Quelle âme plus divine en toi sens-tu couler ?
Mais il donne sans perdre, et de sa propre essence
Tire éternellement les rayons qu’il nous lance ;
Ce n’est pas un flambeau prêt à s’évaporer ;
Il n’a rien de mortel, et je puis l’adorer !
Non, ce torrent de vie animant tout l’espace,
Ce n’est pas dans l’azur un globe en feu qui passe ;