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plaintes chacun dans le sens du charme et du secours particulier qu’il recevait des symboles évanouis. Ils ont demandé la lumière, et ils gémissent de l’avoir reçue. Les poètes surtout, les artistes, les jeunes gens, les femmes pleurent ces divinités qui donnaient aux amants de si tendres conseils, aux sculpteurs de si merveilleux modèles, de si puissantes inspirations à la lyre » Alors, de l’antre même des impitoyables initiations, une voix s’élève, prophétique et consolante, à laquelle répond la secrète espérance de toutes les âmes : les dieux s’en vont ! mais non la beauté, l’amour, les douces et fortes vertus. Un Dieu nouveau est près de naître ! Et le poëme se termine sur ce vague pressentiment du christianisme, que l’on a signalé chez quelques-uns des poètes et des philosophes de l’antiquité.

Hermia est une œuvré toute d’imagination et de fantaisie ; elle repose sur une façon d’aimer, de sentir presque physiquement la nature, et non pas sur une théorie positive. C’est une conception qui se rattache â la poésie de l’Inde, mais en toute liberté, par l’analogie de la constitution intellectuelle de l’auteur et non par imitation de tel ou tel poëme indien. Tout en donnant, selon l’occasion, pour enveloppe transparente à des vérités morales quelques-uns des symboles que la nature fournit si abondamment, le poète ne prétend pas tirer de cette œuvre une conclusion, une moralité formelle. Il s’est donné, cette fois, le plaisir d’exprimer sans arrière-pensée des rêves, des sensations, des hallucinations,