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Et quel mot prononcé sur vos philtres puissants
Verse un charme infaillible aux membres languissants.
Elle enseignait aussi que, pour les maux de l’âme,
Toutes les fleurs des bois renferment un dictame ;
Et quels sont leurs conseils, et quels signes certains
Dans les fleurs à l’amour prédisent ses destins ;
Quelle ombre rafraîchit l’espoir et le relève ;
Quelle orne le sommeil des prestiges du rêve ;
Et comment des forêts les émanations
Dans les cœurs orageux calment les passions.
La vierge m’instruisait dans son silence même.
Quand la création me posait un problème,
Souvent le mot auguste, à tout esprit voilé,
A l’aspect d’Hermia s’est pour moi révélé :
Car ta vie, ô nature ! a les lois de la nôtre,
Et l’homme et l’univers s’expliquent l’un par l’autre.

Des globes confiants qui montent dans les cieux
Elle avait les clartés et l’amour dans ses yeux,
Et des grands horizons la paix insinuante
S’épanchait de sa face et de sa voix calmante ;
Et pourtant Hermia, cet être pur et doux,
A connu la douleur et pleuré comme nous !

Parfois, près d’elle assis sous un tranquille ombrage,
Et respirant le calme empreint sur son visage,
J’ai, dans nos plus beaux jours, vu ses yeux adorés
De sinistres vapeurs se charger par degrés.
Telle agitant les flots la flamme sous-marine,
Un orage étouffé soulevait sa poitrine ;
Les soupirs, les sanglots, les mots tumultueux,
Sortaient sourds et pressés, et les pleurs, après eux,
De ses yeux obscurcis qu’en vain ma lèvre essuie,
En allégeant son cœur, tombaient comme une pluie ;