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Tout le ciel était pur des vapeurs de la terre,
Comme un front virginal que nul souci n’altère ;
Les rêves infinis pouvaient prendre l’essor
Sans qu’un nuage heurtât, là-haut, leurs ailes d’or.
De cette matinée on cite des prodiges :
Mille boutons éclos tout à coup sur leurs tiges,
Les serpents disparus dans leurs antres obscurs,
Et Dieu paralysant tous les êtres impurs,
Et d’invisibles voix sous l’ombrage entendues,
Et des gouttes de miel aux feuilles suspendues.
Dans la vigne et les prés, sur les bruns travailleurs
Il tomba de chaque arbre une neige de fleurs ;
De gais oiseaux volant au bord des toits champêtres
Posèrent des rameaux sur toutes les fenêtres.
L’air entrait comme un baume au cœur des affligés,
Les outils du labeur paraissaient plus légers ;
Chacun se sentait pur de ses haines passées,
Une heure enfin coula sans mauvaises pensées.
Sur le sein maternel, enfant joyeux et fort,
A la vie Hermia souriait dès l’abord ;
Les oiseaux lui parlaient, les plantes inclinées
La touchaient doucement comme des sœurs aînées,
Et, prompt comme ses yeux à s’ouvrir au soleil,
Son cœur semblait comprendre et bénir ce réveil.

Or, les jours de présents sont prodigues pour elle ;
Chacun vient apporter une grâce nouvelle,
Et tourne avec amour autour de son berceau,
Offrant pour la parer ce qu’il a de plus beau :
L’un verse à ses cheveux tout l’or des moissons blondes
Et donne à son regard l’azur profond des ondes ;
L’autre pour la pensée et les rêves naissants
Dessine de son front les contours grandissants,