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VII

Hermia


 
Un jour, obéissant à ces charmes austères
Qu’exercent les hauts lieux sur les cœurs solitaires,
Il voulut respirer la neige des sommets
D’une chaste blancheur revêtus à jamais.
Sur ces trépieds, où Dieu descend dans la lumière,
Où les forêts, à l’homme unissant leur prière,
Exhalent leurs senteurs et leurs bruits vers le ciel,
Il s’enivra longtemps du souffle universel.

Enfin, désaltéré des divines haleines,
Un plus tiède horizon l’attire vers les plaines ;
Car, poète, il n’a vu qu’en ses rêves encor
Au pays du soleil mûrir les pommes d’or.

Après les régions de la neige éternelle,
Des rocs tumultueux d*où le glacier ruisselle
La mousse et le lichen sillonnent les flancs gris ;
Puis les rhododendrons rougissent tout fleuris ;
Puis, toujours Rabaissant, les cimes étagées
De diverses forêts par zones sont chargées.
Les mélèzes d’abord, les sapins, et des prés
L’émail couvrant déjà des flancs plus tempérés,