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spécialement peut-être au préjudice de la partie littéraire. On essaya surtout de détourner le sens du livre en faveur de l’idée d’un futur âge d’or, d’un nouveau paradis terrestre, présenté comme le but de l’homme et des sociétés. C’était alors et c’est encore aujourd’hui la brillante et dangereuse utopie d’une nombreuse école. L’intention de Psyché est tout à fait contraire à cette idée. Malgré quelques tableaux, sans doute exagérés, de la puissance de l’homme sur la nature, la pensée même du livre est de présenter la terre comme incapable de porter le bonheur, comme étant le séjour fatal de l’expiation et des épreuves. Les opinions de l’auteur n’ont pas eu à se modifier sur ce point.

On a plus d’une fois prononcé le nom de panthéisme à l’encontre de Psyché et de quelques autres de nos poëmes. Le reproche de panthéisme est devenu une de ces banalités qui circulent des lèvres les plus épaisses aux bouches les plus charmantes sans correspondre à aucune idée nette dans l’esprit de ceux qui le prodiguent. Nous défendrons Psyché de cette accusation par le seul énoncé du sujet : c’est l’histoire de la formation de l’individualité humaine, d’un être formellement séparé de Dieu et de la nature, d’une liberté indépendante de la cause créatrice, d’une personnalité indestructible appelée à participer éternellement au bonheur en union avec la personnalité divine. Chacune des épreuve » que subit Psyché constate cette séparation d’elle et de son Dieu, et