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Nul livre n’abaissait ta main droite étendue ;
Le passé, dans tes chants, racontait l’avenir,
Et, de l’éternité naguère descendue,
Tu n’avais pour parler qu’à te ressouvenir.

O vérité ! ton âme habitait dans la lyre,
L’esprit avec le son y chantait à la fois ;
Mais de ses flancs brisés où l’homme voulait lire,
Il a fait envoler la pensée et la voix.

Sainte inspiration, la terre t’a bannie !
La science à pas lourds y creuse ses sillons ;
Le sage n’entend plus murmurer un génie ;
Dieu voile sa splendeur aux yeux des nations.

Mais, ô divin Platon, fils des vieux sanctuaires,
Lorsque au fond de l’éther vous sommeillez encor,
La muse vous nourrit des saints électualres,
Et toucha votre bouche avec ses lèvres d’or.

Elle vous fit ainsi poète entre les sages ;
Tous les autres parlaient et vous avez chanté !
La myrrhe au sein de i’or se garde après des âges :
Tous vos enseignements vivront dans la beauté.

Je vous vois, ô vieillard, assis sous les portiques,
Et marchant lentement sous les platanes verts,
Et sur un lit d’ivoire en ces festins antiques
Où coulaient à la fois le nectar et les vers.

Là, couronné de fleurs, ô hiérophante, ô prêtre !
Vous découvriez le seuil d’un monde radieux ;