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Et de dieux en débris la terre fut couverte.
S’élançant à grands jets de sa prison ouverte,
La flamme inonde l’antre. Éblouis, aveuglés,
Par ces vives splendeurs sentant leurs yeux brûlés,
Regrettant l’ombre antique, et fuyant la lumière,
Les hommes à grands pas sortent du sanctuaire.


III

La grève d’Eleusis entendit des sanglots
Se mêler, tout le soir, au bruit calme des flots,
Et des pas retentir, et des voix désolées
Se plaindre en chœur dans l’ombre ou gémir isolées.


LE CHŒUR.


Ah ! la terre est déserte et le ciel dépeuplé !
Quel est ce dieu secret dont l’oracle a parlé ?
Pourquoi s’enferme-t-il en des lieux invisibles ?
Les nôtres se montraient sous des formes sensibles,
Et les hommes ravis adoraient sans efforts
Les esprits immortels vêtus de ces beaux corps !
Mais toi, dieu solitaire au delà des nuages,
Qui saura pour l’autel nous tailler tes images,
De quelles fleurs te ceindre, et de quels traits t’armer ;
Et, si nul ne te voit, qui donc pourra t’aimer ?

O Grèce ! si ces dieux n’étaient rien que tes rêves,
Quel doigt sculpta si bien les contours de tes grèves ?