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Sur un trépied de bronze, un vase empli de feu,
Comme un astre immobile, en marquait le milieu.
Seul flambeau de qui l’antre empruntait un jour pâle,
La clarté se mourait près de ses fleurs d’opale,
Et, sans monter jamais jusqu’aux faîtes obscurs,
Son reflet vaguement allait blanchir les murs.

Le globe merveilleux ne laissait point d’issue
Par où l’on pût toucher à la flamme aperçue ;
Sur ses larges contours un artiste pieux
Grava fidèlement les images des dieux,
Leurs combats, leurs amours, les traits de leur sagesse,
Ce qu’adoraient enfin l’Orient et la Grèce.
Le jour intérieur ne luisait au dehors
Qu’en rayons adoucis sortant de leurs beaux corps,
Et recevant d’eux seuls sa forme et ses limites,
S’échappait en clarté sous le voile des mythes.

L’Olympe y semblait vivre avec ses habitants ;
L’homme y tenait sa place après les vieux Titans.
Tel que l’avait conçu la foi du monde antique :
C’était là du grand tout un abrégé mystique.

Zeus s’y manifestait en ses règnes divers ;
Zeus, le père des dieux, l’âme de l’univers,
Roi toujours créateur dans ses métamorphoses.
Ici, sur l’Eurotas, sortant des lauriers-roses,
Cygne voluptueux par Léda caressé,
L’aile ouverte et le col dans ses bras enlacé,
De deux guerriers jumeaux il rend Sparte féconde
Par ce même baiser qui donne Hélène au monde.
Autre part, pour aimer et pour créer encor,
Sur une fleur captive il pleut en gouttes d’or.
Ailleurs son bras soutient, sans que leur poids l’entraîne,
L’effort de tous les dieux suspendus à sa chaîne.