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et le saint amour de la nature vit en eux ; vous les aimerez encore de là-haut : ils vous apprendront que je suis resté fidèle an culte que vous m’avez enseigné.

Ami, la triste consolation de fermer vos yeux et de mener votre deuil ne nous a pas été accordée. Une terre étrangère vous recouvrait déjà quand l’affreuse nouvelle nous est parvenue. Vous êtes mort loin de nous, en nous appelant sans doute ! La pensée de vos derniers instants déchire mon cœur. Votre tombe est lointaine, mes genoux ne s’y sont pas encore posés, peut-être ne la toucherai-je jamais. Vous n’avez pas dans votre patrie une pierre qui garde votre nom ; je veux l’écrire dans ce livre, à défaut d’un monument plus solide. Une main plus puissante vous aurait sculpté une image indélébile, moi je ne puis vous dresser qu’une croix rustique taillée dans ces forêts où nous adorions ensemble l’Invisible. Autour d’elle, ceux qui vous ont connu se réuniront parfois dans votre pensée, jusqu’au jour où nous pourrons vous retrouver ailleurs que dans nos souvenirs. Alors, dans l’aurore de la vie nouvelle, nous irons tous deux aux clartés du soleil idéal nous abreuver à ces sources d’inépuisable poésie que nous cherchions en vain au pied des plus grands chênes et des plus hautes montagnes. Jusqu’à cette heure nous resterons unis en vous, nous tous qui vous avons aimé ; ce frère qui mérita d’être votre ami, et ce philosophe de la charité dont vous avez salué la parole avec tant de joie,