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Suscite le désir d’une ivresse plus douce.
Entre les gais propos et les folles chansons,
Un cœur plus gracieux bannit les échansons.
De la reine ont paru les plus belles suivantes,
A la lyre, à la danse, aux voluptés savantes ;
Elles entrent ; leurs yeux, leur langoureux maintien,
Attestent l’art impur d’un maître ionien.
Une d’elles s’avance au pied du lit d’ivoire
D’où sourit aux flatteurs Hérode dans sa gloire ;
Et, prêtant l’ornement du luth et de la voix
Aux chants d’un vil rapsode, hôte gagé des rois,
Elle verse à l’amant l’éloge de l’amante,
Philtre plus enivrant que la coupe écumante :

« Ta bouche a le parfum du raisin d’Engaddi ;
Tes yeux ont les ardeurs de l’heure de midi :
Ceux des vierges, pour moi, sont froids comme l’aurore
Qui, sans fondre la neige, un moment la colore ;
Leur souffle est, sur ma couche, ainsi qu’un vent des eaux,
Sorti des nénufars dormant sous les roseaux.
Toi, du brûlant Simoun tu me verses l’haleine ;
De flammes et d’encens ton urne est toujours pleine.
Je préfère le vin qui cuve en ton cellier
Au fruit laiteux et vert de leur pâle amandier.
Plus mûre en ton verger, la pomme d’or plus ronde