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« Hypocrites maudits, est-ce vous que je vois ?
Qui vous apprit à fuir les futures colères,
A tromper l’œil du maître, ô race de vipères ?
Malheur à vous ! Armés de longues oraisons,
Des veuves, des enfants vous mangez les maisons ;
Et, selon le tribut que la peur vous apporte,
Vous nous ouvrez du ciel ou nous fermez la porte ;
Comme de votre bien trafiquant ici-bas
Du royaume d’amour où vous n’entrerez pas.
Malheur ! vous attachez aux épaules des autres
Les fardeaux importuns que rejettent les vôtres.
Vous faites pour les yeux votre moindre action ;
Vous payez à l’autel par ostentation
La dîme de l’anis, du cumin, de la menthe,
Et pas un dont la vie à ses discours ne mente,
Et pas un qui, fidèle au vrai sens de la loi,
Fasse pour le prochain ce qu’il ferait pour soi.
Vous ne comprenez plus de vos lois que la lettre ;
À son joug infécond vous voulez nous soumettre ;
L’esprit qui les dicta de vous s’est retiré,
Son livre est dans vos mains un mensonge sacré.
Malheur à vous ! Quand Dieu daigne envoyer un sage,
De l’avenir au peuple apportant le message,
Votre haine le suit et le désigne aux rois
Qui le font flageller et clouer à la croix.