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Et tous y descendaient, confessant leurs péchés,
Et devant lui passaient ; et sur leurs fronts penchés,
Élevant à deux mains la conque qui déborde,
Jean répandait à flots l’eau de miséricorde.
D’un peuple si nombreux le Jourdain se remplit,
Que les hommes couvraient ses rives et son lit.

Durant l’automne, ainsi, quand les forêts sont mûres,
Un grand vent annoncé par de lointains murmures,
Éclatant tout à coup, enlève en tourbillons
Les feuilles, les rameaux qui comblent les sillons ;
Sur la vigne et les prés, comme un épais nuage,
Ils courent, longuement balayés par l’orage,
Tant qu’au bout de la plaine ils n’ont pas rencontré
Le lac qui les reçoit dans son lit azuré ;
Le feuillage en monceaux sur l’eau tombe et s’amasse,
Et d’une nappe sombre il en couvre la face.


IV

Or, des pharisiens, enveloppés d’orgueil,
Des scribes pleins de fiel, mais le sourire à l’œil,
Des prêtres méditant déjà quelque anathème,
Attendaient à l’écart pour s’offrir au baptême.
Et Jean les reconnut ; et de sa rude voix :