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« Rendez droits les sentiers et préparez la voie ;
Toute chair connaîtra le salut et la joie.
Approchez ! Le Seigneur est déjà sur le seuil ;
Des superbes sommets son pied courbe l’orgueil.
Loin des molles cités que l’esclavage habite,
Venez, dans le désert, attendre sa visite ;
Venez, et, par le jeûne et les mâles travaux,
Faites-vous des cœurs neufs et des membres nouveaux.
Ah ! que l’eau du torrent mêlée au miel sauvage
Mieux que le vin dans l’or m’a fait un doux breuvage !
Comme à mes pieds tombant dans l’herbe, le matin,
La sauterelle apporte un facile festin !
Sans autre soin que Dieu dans la journée entière,
Combien vive au désert s’écoule la prière !
Et, faisant avec nous leurs adorations,
Quels saints rugissements, le soir, ont les lions !

« Pour tirer ses élus des longues servitudes,
Dieu les pousse lui-même au fond des solitudes.
Il fait, pour les nourrir dans l’aride séjour,
De la manne du ciel leur pain de chaque jour.
Le désert affranchit le corps ainsi que l’âme ;
La fierté se respire avec ses vents de flamme.
Venez ! dans la prière et l’air libre des monts
Vous secourez le joug des rois et des démons.