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Puis, de forts lionceaux, apparus à la vie,
Attestaient de l’amour la sainte loi suivie.
Et je dis : les lions, dans leurs fougueux hymens,
Sont plus purs devant Dieu qu’aujourd’hui les humains,
Et, libres des forfaits que la nature abhorre,
Condamnent vos cités, ces filles de Gomorrhe ! »

— « Parle encor du désert, ô maître ! tes discours
Dussent-ils accuser et maudire toujours ;
Ne t’a-t-il pas montré des choses moins cruelles ? »

— « J’ai vu les grands troupeaux des daims et des gazelles,
Après un long parcours de sables, de rochers,
Trouver enfin la source et le gazon cherchés ;

Et tous se répandaient sur la pelouse verte,
Chacun broutait un peu de l’herbe à tous offerte.
Et je ne voyais pas le plus faible, à l’écart,
Contraint par le plus fort à lui céder sa part ;
Et, plutôt que laisser mourir de la famine
Le troupeau fraternel qui suit sa loi divine,
Notre père commun, devant les pieds des daims,
De ce vert oasis allongeait les jardins.
J’ai vu, dans ses travaux, le peuple des abeilles
De sa ville embaumée ordonnant les merveilles.
Des flancs de l’arbre creux, nettoyés avec soin,