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— « Peut-être ce conseil qui marchait avec toi,
C’était entre tes mains le livre de la loi ;
Les aïeux, le passé dont tu faisais l’étude,
De leurs doctes leçons peuplaient ta solitude ? »

— « Mes yeux n’ont jamais lu qu’aux pages du désert,
Et son esprit au mien s’est peut-être entr’ouvert.
J’ignore clés aïeux la sagesse éphémère,
Et j’oubliai, là-bas, jusqu’au nom de ma mère.
Je vous offre, après moi, le livre souverain
Que nul n’a copié sur l’écorce ou l’airain ;
Les étoiles au ciel en ont tracé les pages ;
Par les monts sinueux, les forêts, les rivages,
Par le flot qui serpente et l’herbe qui fleurit,
Son vaste enseignement sur la terre est écrit ;
Pour y lire, il suffit d’en aimer les merveilles,
D’être pur, et d’ouvrir ses yeux et ses oreilles,
Et d’aller, quelquefois, priant, loin des cités,
Seul, écouter son cœur, dans les lieux écartés ;
C’est mon livre éternel, je laisse en paix les autres. »

— « Chaque année, à Sion, comme ordonnent les nôtres,
Disciple du désert, les autels négligés
N’ont pas eu ta prière et les dons obligés,
Tu n’as jamais offert encens ni sacrifice ? »