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Jamais pourtant, Seigneur, tu n’as voulu montrer
La gloire de ton front que je viens adorer. » /

— « Va partout où des yeux le rayon peut s’étendre ;
Ne te lasse jamais ni de voir, ni d’entendre ;
Que ton regard des bois perce les sombres murs ;
Fouille au creux des volcans ; du bord des puits obscurs,
Vois l’onduleux serpent sillonner les eaux calmes ;
Entr’ouvre les rameaux des cèdres et des palmes,
Écoute leurs oiseaux ; et considère, encor,
Le grand désert couché dans sa cuirasse d’or.
Des sables, des forêts, des flots, d’où qu’elle vienne,
La voix qui parlera sera toujours la mienne. »

— « Seigneur ! te voir un jour, pour prix des ans nombreux
Consumés au désert en jeûnes rigoureux !

Tu le sais, j’ai si bien dompté la faim grossière,
Qu’on dirait que je vis de flamme et de poussière.
Marchant vers l’horizon, qui recule toujours,
A peine ai-je trouve, tous les deux ou trois jours,
Une source, un peu d’herbe et quelques sauterelles.
J’ai quitté la maison, la vigne paternelles,
Et ma mère et les miens, pour suivre ton sentier ;
A tes commandements j’appartiens tout entier ;