Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/64

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pas un brin d’herbe et pas une haleine d « vent;
Lui seul, dans la fournaise, a pu rester vivant.
Autour de lui, sans fin, le silence et le vide,
Et du sable éternel la mer morte et livide.
La lumière, inondant son immense prison,
D’un cercle épais de feu ferme tout horizon.

Or l’hôte du désert qui, sans tomber en cendres,
Habite ainsi le feu, pareil aux salamandres,
Disait:— « Toi que j’entends, où donc es-tu caché,
Esprit retentissant à mon ombre attaché ?
J’écoute, je te suis ; seul avec ta parole,
Sourd à toutes les voix de ma chair que j’immole,
J’ai marché bien des jours, bien des nuits, sans savoir
Où tu fais ta demeure, Esprit, et sans te voir.
Dans les buissons ardents peut-être tu te voiles ?
Incliné sur les puits où tremblent les étoiles,
Le moindre bruit de l’eau tient mon âme en suspens,
Mais, au fond, je n’ai vu nager que les serpents.
Dans les bois du Carmel, en écartant leurs branches,
J’ai vu des nids s’ouvrir et fuir des ailes blanches,
Et dans l’antre, devant mon œil qui te poursuit,
L’œil sanglant du lion flamboyer dans la nuit.
En tous lieux, dans la plaine ou la vallée étroite,
Dans les flots, ta voix parle à ma gauche, à ma droite ;