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Mais sur le nourrisson veillent le bœuf et l’âne,
Et ces doux serviteurs, en l’adorant aussi,
D’un souffle épais et chaud couvrent le Dieu transi.
Et nous, pauvres bergers, en disant nos cantiques,
A la sainte famille offrons nos dons rustiques,
Les agneaux les plus blancs, les petits des ramiers,
Et le lait et le miel et le fruit des palmiers ;
Puis, de sauvages fleurs, de thym, de menthe fraîche,
Nous avons embaumé la paille de la crèche.
Loué soit et béni Dieu qui nous a fait voir
Le roi des temps meilleurs dont nous perdions l’espoir !
Loué soit et béni ce roi, né sous le chaume,
Qui laisse les bergers entrer dans son royaume. »

Heureux pasteurs ! à vous tout d’abord s’est montré
L’enfant divin, l’enfant promis et désiré.
Les sages, que le monde avec orgueil écoute,
Ont perdu leur étoile et demandent leur route ;
Les docteurs de la loi, dont le cœur ne bat plus,
Citent le texte mort de leurs livres mal lus ;
Les rois contre celui dont le règne se lève
Invoquent les bourreaux et tirent le vieux glaive.
Pour vous seuls, ô bergers, ô cœurs simples et droits,
Le désert s’est peuplé de regards et de voix ;
Vous seuls pouviez prêter une oreille assez pure