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O terre de Bethlêm, nid d’imposteurs rebelles,
J’écraserai tes fils jusqu’entre tes mamelles !
Allez ! broyez du pied, égorgez par le fer
Tout mâle en son sein né de deux ans et d’hier,
Et que, sur les tronçons de leurs fruits éphémères,
Le glaive aille fouiller les entrailles des mères ! »


II

Les échos de ces mots, par cent voix répétés,
Comme des chars sanglants roulaient dans les cités,
Quand, sortis de Bethlêm, des hommes de la plèbe,
Chantant et louant Dieu retournaient à leur glèbe ;
Des harpes dans les airs et d’invisibles voix
Accompagnaient d’en haut leurs chants le long des bois.

« Nuit du message, ô nuit d’amour et de merveilles !
Près des agneaux dormants nous prolongions nos veilles.
En cercle, autour des feux, sur la montagne assis,
Écoutant des vieillards les antiques récits :
Abraham et Jacob, le grand pasteur Moïse
Marchant, par le désert, vers la terre promise,
David, roi de la fronde, et l’enfant immortel
Qui naîtra de son sang pour sauver Israël,