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Le Royaume du monde

 

I

Sur son trône d’argent aux degrés de porphyre,
Calme, comme les dieux qui peuvent se suffire,
Le roi, ceint du bandeau par l’orgueil allégé,
Dans la pourpre de Tyr est mollement plongé ;
Il a pour escabeau digne de ses sandales
Les crins de deux lions assoupis sur les dalles ;
La hache, à ses côtés, veille au bras des licteurs.
Le palais retentit des pas des serviteurs,
Et les soldats sans nombre, épars sous les portiques,
Font sonner le pavé sous le fer de leurs piques.

Voici des nations les pâles envoyés ;
Déposant le tribut des villes à ses pieds,
Ils passent, et, muets en adorant sa face,
Toute crainte des dieux dans leur terreur s’efface.
Cent peuples ont saigné pour grossir son trésor