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Pour que ma voix soit la parole,
Dans mon être, ô Verbe vainqueur !
Descends comme une foudre ! immole
Et la chair et l’orgueil du cœur.
Qu’un charbon épure ma bouche.
Qu’un ange, gardien farouche,
Compte les mots qui jailliront ;
Que son glaive veille à ma porte,
Afin que nul passant ne sorte
S’il n’a votre sceau sur le front.

Seigneur, à l’insu de moi-même,
Si, folle en ses témérités,
Ma bouche enseignait le blasphème
Des adorables vérités…..
Si mon œil offense un mystère,
Si jamais la pudeur austère
Rougit de mes vers imprudents….
Faites, comme un fruit de Gomorrhe,
Tomber ma langue, que j’abhorre,
En cendre infecte sous mes dents.

J’ai choisi le don de la lyre.
Même au prix de tout mon bonheur,
Mais si mes chants, dans un délire,