Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/40

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous savez, ô mon Dieu ! lisant au for interne,
Si les fibres du cœur qu’à vos pieds je prosterna
             Ont résonné d’orgueil !

Non, je n’ai pas cherché ma force dans moi-même ;
Je l’implore de vous, j’attends et je vous aime :
             Parlez-moi quelquefois !
Je sais que le poëte, en son art difficile,
Est maître d’autant plus qu’il s’est fait plus docile
             A votre seule voix.

L’artiste est le trépied rayonnant et fragile ;
L’homme fournit en lui les charbons et l’argile ;
             Toi seul y mets le feu.
Le poëte est le flot, la feuille qui palpite ;
Il doit son harmonie au souffle qui l’agite,
             A ton souffle, ô mon Dieu !

Mes fautes, mes ennuis, Seigneur, ont clos ma bouche ;
Mais tu peux en tirer, si ton esprit la touche,
             Des accords, des leçons.
Les lyres d’ici-bas devant toi sont égales,
Et tu prends tour à tour le cygne et les cigales
             Pour dire tes chansons.