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Mon âme s’agrandit sous leur appui sacré ;
Et si plus d’un, hélas ! déjà m’est retiré,
Il me reste, au milieu des nobles cœurs que j’aime,
Des asiles plus doux et plus sûrs que moi-même.

Mon Dieu ! ni les plaisirs ni les ambitions
N’ont, de leur vil ciment, formé nos unions ;
C’est dans l’amour du bien, des beautés infinies,
Que se sont rencontrés nos cœurs et nos génies.
Vous le savez ; tous ceux à qui je tends la main
Marchent tous, devant vous, dans un noble chemin ;
Vous les avez choisis ceux qui m’aident à vivre,
Tous sont meilleurs que moi ; je m’exerce à les suivre ;
Et, plus près d’eux je sens battre mon cœur jaloux,
Plus je vois s’approcher et l’idéal et vous.

O Christ ! puisque aujourd’hui, prévoyant et sévère,
C’est moi que tu choisis pour monter au Calvaire,
J’ose, indigne entre tous, te supplier pour eux
De les marquer au front de ton sang généreux ;
Afin qu’en traversant les temps vils où nous sommes,
Nul d’entre eux ne se perde en la cité des hommes.
Garde, au monde divin, garde leur cœur entier ;
Mais fais-leur ici-bas un moins rude sentier,
Allège un peu leur croix sur nos âpres collines,