Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/338

Cette page n’a pas encore été corrigée


Mais voilà que mes vœux, déjà déçus peut-être,
Ont franchi l’avenir dont Dieu seul est le maître ;
Pour l’enfant dont les yeux se sont à peine ouverts,
Aux dons de l’homme fort j’aspire dans ces vers.
Je vois déjà grandir les bras noueux du chêne
Sur l’humble rejeton qui sort de terre à peine.
Cher et frêle rameau baigné de tant de pleurs,
Je goûte à tes fruits mûrs, et tu n’es pas en fleurs !
Quels périls doit braver ta tête délicate,
Avant que la raison dans ta jeune âme éclate !
Te verrai-je courir autour de ton berceau ;
Sortiras-tu jamais de ton nid, pauvre oiseau ?
Notre amour n’est, mon Dieu ! qu’une vaine défense ;
Vous seul pouvez garder cette fragile enfance ;
Donnez à ce trésor, ombragé de nos fronts,
Donnez pour gardien l’ange que nous pleurons ;
Que l’œuvre de colère en nous soit terminée ;
Vous-même de mon fils faites la destinée,
Qu’il trouve, plus que moi, grâce à vos yeux, Seigneur !
Et s’il n’est plus heureux, au moins qu’il soit meilleur.