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Mère ! quoiqu’à son nom, de là-haut, tu répondes,
Tu ne l’as vu ce fils qu’à travers d’autres mondes.
Ah ! quand vint notre espoir luire à ton lit de mort,
De ton cœur résigné, va, j’ai compris l’effort !
Moi, dans tout mon amour pour cette fleur si chère,
Non, je n’ai pas connu le bonheur d’être père ;
Puisqu’en mes bras tous deux je n’ai pu vous tenir,
Et poser sur son front ta main pour le bénir.
Je cherche, hélas ! autour de sa tête innocente
Ton sourire, ô ma mère, et ta parole absente.
Je sais, du moins, qu’heureuse en ta gloire aujourd’hui,
Tu veilles de là-haut sur son père et sur lui ;
Et quand, sur son berceau, par delà son jeune âge,
Je rêve en cet enfant un homme fort et sage,
C’est qu’au ciel je te vois, toi qui souffris pour nous,
Le montrer au Seigneur et prier à genoux.
Obtiens donc, ô ma mère, ô sublime chrétienne !
Que Dieu lui fasse une âme image de la tienne ;
Instruit à t’imiter, qu’il puisse, un jour, avoir
Ce mépris du plaisir, cet amour du devoir,
Ce cœur doux pour autrui, pour lui-même sévère ;
Toujours prêt, pour les siens, à monter au Calvaire ;
Et, dans tous ses conseils, cette haute raison
Qui voit, par delà tout, Dieu luire à l’horizon.