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Graves comme la vie en face de la mort.
Tu n’auras pas toujours, jeune âme qui sommeilles,
Ce frais sourire en fleur sur tes lèvres vermeilles :
Mûri, comme nous tous, par un savoir fatal,
Tu goûteras aux fruits et du bien et du mal.
T’irai-je souhaiter, dans le temps de l’épreuve,
Les fontaines de miel où l’âge d’or s’abreuve,
Et, pour toi, téméraire à tenter le Seigneur,
Implorer ce que l’homme a nommé le bonheur ?
Ah 1 peut-être, enivré des faux biens qu’on envie,
Tu boirais des poisons dans la coupe de vie ?
Oui, sois exempt des maux sans fruit pour la vertu
Dont on meurt longuement sans avoir combattu.
Mon Dieu ! mesurez-lui la souffrance et les chutes ;
Surtout armez ses reins pour soutenir nos luttes ;
Qu’il soit, même en tombant, plus fort que la douleur,
Et n’ait jamais souffert sans devenir meilleur.
Donne-lui, pour marcher dans le chemin du juste,
Une saine raison, un sang calme et robuste,
Un cœur qui, sans rêver les orgueilleux sommets,
Ferme en son droit sentier ne recule jamais.
Fais rayonner en lui, si parfois il chancelle,
De l’âme de ma mère une seule étincelle ;
L’ange, au séjour de paix revenu triomphant,
Peut transmettre son glaive au fils de son enfant.