Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/335

Cette page n’a pas encore été corrigée

Un fils, nouvel objet d’espérance et d’alarmes,
Tient de naître, et, déjà, je l’ai baigné de larmes.

Ah ! que d’accord joyeux, poëte ami des bois,
J’aurais sur son berceau su répandre autrefois !
Combien de fraîches fleurs les sommets sans culture
Livreraient à mes mains pour sa jeune parure ;
Hélas ! si ce berceau, voisin de ton cercueil,
O ma mère, en s’ouvrant ne portait pas ton deuil !
Je n’entends, désormais qu’une parole austère
Faire écho dans mon âme aux chansons de la terre ;
Foulant d’un pied distrait le printemps et ses fleurs,
Je n’y sais rien cueillir que de noires couleurs.
J’ai replié mon cœur sur des tableaux funèbres ;
Mes yeux se sont fermés et cherchent les ténèbres,
Afin d’y contempler, dans mes pensers fervents,
De celle qui n’est plus les traits toujours vivants ;
Et ma lèvre où gémit votre nom, ô ma mère !
N’a plus d’accents que pour la plainte ou la prière.

Enfant ! toi qui m’es cher moins à cause de moi
Que pour le sang des miens qui doit revivre en toi,
Pour le sang de mon père et de ta sainte aïeule,
La prière, ô mon fils, sur toi parlera seule ;
Et mes vœux resteront, malgré mon doux transport,