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Et l’appel de l’église est le seul qui la tente
Hors du paisible toit dont l’ombre la contente.
C’est elle, comme un ange attiré par les pleurs,
Qui m’a, pour tout guérir, choisi dans nos douleurs,
Qui, dans ma pâle automne, a voulu faire éclore
Les parfums printaniers de sa splendide aurore ;
Elle par qui le jour, ô ma mère ! est rendu
A mon cœur dans la tombe avec toi descendu.
Mon Dieu ! tu dois payer en fleurs de ton royaume
Cette âme dont la mienne a respiré le baume :
Que jamais le chagrin n’assombrisse d’un pli
Son front calme et joyeux du devoir accompli ;
Et, puisqu’au mien son cœur voulut si fort se joindre
Que nul coup ne saurait me frapper sans l’atteindre,
Pour elle, en tes décrets, que je sois épargné ;
Écarte la douleur de mon front résigné ;
Garde à l’abri du vent qui me courbait à terre
Nos rameaux enlacés, et retiens le tonnerre ;
Et, pour qu’au ciel tous deux portions un fruit pareil,
A flots égaux, sur nous, verse un même soleil.

Déjà ta main clémente, ô mon Dieu ! s’est ouverte ;
Elle va rendre une âme à la maison déserte ;
Et ta grâce qui brille à nos yeux incertains,
Rallume entre les pleurs nos sourires éteints.