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Puisque mon père, hélas ! boit cet amer calice,
Qu’en y mêlant nos pleurs notre amour l’adoucisse.
Rends dignes ses enfants de leur mère et de lui ;
Ils ont tous deux son cœur pour but et pour appui.
Fais près d’eux son repos long et paisible ; envoie
A ses jours assombris quelques éclairs de joie.
Que l’honneur de son nom soit noblement porté
Par son fils orgueilleux d’en avoir hérité ;
Des fleurs de ton printemps ornant sa tête blanche,
Que ton âme, ô ma sœur, en doux parfums s’épanche,
Et, quand l’ombre descend de mon front attristé,
Verse-lui de tes yeux quelque sérénité.
Qu’il trouve en notre amour, amour toujours en arme,
La force qui soutient et la grâce qui charme.
Son auguste vieillesse est notre seul trésor ;
Mais sur elle et sur nous notre ange veille encor.

O ma mère ! héritant de ton culte fidèle,
Oui, ta fille y sera mon aide et mon modèle.
Donnez à cette enfant, donnez par nous, Seigneur,
Tout ce qu’elle aurait pu rêver d’autre bonheur ;
Que mon âme lui soit, en ses heures de vide,
Un asile aussi doux qu’il est sûr et solide.
Je connais, dès longtemps, pour l’avoir éprouvé,
L’or pur de son grand cœur à mon destin rivé ;