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Hôtes du firmament, soleils, blanches étoiles,
Astres joyeux et purs qui voyez Dieu sans voiles,
Vous qu’un souffle amoureux guide éternellement,
L’homme est plus grand que vous3 il est libre en aimant !
Il peut, même au Seigneur, refuser ce qu’il donne ;
Il travaille, en souffrant, à sa propre couronne ;
Il achète ce ciel qui ne vous coûta rien,
Et capable du mal il accomplit le bien.
Des périls du combat, c’est lui qui vous dispense ;
Pour qui ne sait qu’aimer, l’homme veut, souffre et pense,
Son front reçut pour tous, en sa noble pâleur,
Avec la liberté le poids de la douleur.

Des autres univers la douleur est proscrite ;
Notre globe est le seul qui souffre et qui mérite.
Tu ne veux pas, mon Dieu, père tendre et clément,
Que même un vermisseau souffre inutilement ;
Du sel de la douleur ta main fut économe,
Tu ne l’as répandu que sur les pas de l’homme.
Oui, ce globe est martyr ; c’est trop frapper sur lui,
Si nous ne souffrons pas pour le bonheur d’autrui !
Oui ! tout est racheté par nos larmes fécondes ;
L’homme t’en donne assez pour payer tous les mondes.