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Respirez tous les deux l’églantier de nos haies :
L’époux a mis, pour moi, les fleurs de son enclos
Sur le lit des lépreux dont je panse les plaies.

Il sourit à travers les yeux de l’orphelin,
Il prend pour me parler les voix de ceux qui pleurent ;
Dans les derniers soupirs’ des mendiants qui meurent,
Il soupire d’amour sous mon voile de lin.

A ta servante, ô Christ, épargne d’autres joies !
Fais-moi payer le ciel avant de me l’ouvrir.
C’est, ô roi des douleurs, pour souffrir ou mourir,
Qu’aux sentiers des humains j’ai préféré tes voies.

Je n’ai pas voulu fuir un travail, un souci ;
Je vis de votre vie, ô mes sœurs, ô ma mère !
N’accusez pas mon cœur d’ingratitude amère ;
Il faut vous aimer bien pour vous quitter ainsi.

Je veux plus que ma part des deuils de ma famille.
Si Dieu sur notre toit tient des maux suspendus,
Je veux les emporter, c’est à moi qu’ils sont dus ;
Que Dieu vous les épargne en frappant votre fille.

Au prix de la douleur tout bien est acheté.