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O Christ ! vous assistez à ma mort délaissée.
Par le sang du soldat, soyez béni, mon Dieu !

Soyez béni ! j’ai soif… la fièvre me dévore…
Je sens crier mes os… je vous bénis encore !
Mon nom sans gloire, o Christ, est au moins su de vous ;
Unie à votre mort, oh ! que la mort est grande !
Louange à vous, Seigneur, qui prenez en offrande
Le sang de quelques-uns pour le salut de tous !

Je meurs seul, déchiré par les bêtes sauvages ;
Mais j’éloigne des miens la guerre et ses ravages ;
Sous le chaume natal mes sœurs dorment en paix ;
Rien ne trouble à l’autel la parole du prêtre ;
Tout sillon, tout foyer demeure à son vrai maître ;
Celui qui les sema cueille ses blés épais.

Soldat je meurs heureux ! si mon peuple et ma race
S’accroissent dans l’honneur et si Dieu leur fait grâce.
Je meurs pour le saint nom du pays des aïeux ;
Pour que mon drapeau, fier en rentrant dans nos villes,
Brille, et, chassant la nuit des discordes civiles,
Rapporte la vertu dans ses plis glorieux.

Que le sang dont j’ai teint cet héroïque emblème