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Ton esprit est un feu qui brûle sa victime ;
Mon cœur, comme Jacob, se débat contre toi.
Le prêtre est à lui-même un juste objet d’effroi ;
Épargnez-nous, Seigneur, dans cette lutte intime.

Garder nos propres cœurs, voilà nos vrais tourments ;
Garder sainte la main qui touche le calice !…
C’est nous qui de ton sang offrons le sacrifice,
C’est à nous de trembler devant tes jugements.

D’effrayantes clartés tu nous as fait largesse ;
Le simple se dérobe à ce savoir fatal ;
Nous n’avons pas le droit, nous, d’ignorer le mal…
Qu’il est dur à porter le poids de la sagesse !

Comment aimer sans trouble et penser sans erreur ?
La foi nous ouvre, ô Dieu, tes mystères sublimes,
Mais nous voyons aussi les ténébreux abîmes ;
Nous marchons combattus d’espoir et de terreur.

Ah ! la chair et l’orgueil sont bien lents à s’éteindre !
Sous la robe des saints vivre est un long effort ;
Nos luttes, nos dangers durent jusqu’à la mort…
Buvons à ton calice, ô Jésus, sans nous plaindre !