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UN PRÊTRE

O Christ ! vous attachez la couronne d’épines
Sur nos fronts dévoués aux sanglantes sueurs ;
Nous marchons, ici-bas, guidés par les lueurs
Qui rayonnent des trous de vos tempes divines.

Oui, ce monde est au prêtre un calvaire éternel ;
Nous sommes, entre tous, les bourreaux de nous-mêmes.
Et les passants grossiers accablent d’anathèmes
L’esprit qui crucifie en nous l’homme charnel !

Nous subissons l’outrage à votre exemple, ô Maître !
Nous bénissons la foule avec des yeux sereins,
Au fardeau de la croix nous présentons nos reins…
Mon Dieu, soyez loué par les douleurs du prêtre !

Le prêtre devant vous marchera pauvre et seul ;
Il a quitté son champ, il meurt à sa famille,
Nul doux regard d’enfant à son foyer ne brille,
Sa robe de candeur lui fait comme un linceul.

Vous tenez nos cœurs pleins, mais nos mains restent vides ;
Les larmes des pécheurs, le souffle des lépreux,
La sueur des mourants, quand nous veillons pour eux,