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Ma vie est toute en vous : le tronc et les rameaux
Ne sont pas mieux soudés que mon cœur et le vôtre ;
Et chaque coup de vent qui fait pleuvoir les maux,
S’il frappe un de nous deux, nous courbe l’un et l’autre.

Nous sommes, en deux parts, une seule âme encor.
J’ai de vous, ô ma Mère ! avec trop de mélange,
Ce que l’homme tombé peut conserver de l’ange :
Dieu mit le même sceau sur mon cuivre et votre or.

Ah ! puissé-je en garder l’empreinte ineffacée
Et le peu qui m’échut de votre pur métal !
Vous êtes ma prière et ma bonne pensée,
La voix qui m’avertit sur le penchant du mal.

Si, même avant cette heure où la grâce me touche,
Je sentais, dans ma nuit, Dieu présent et vainqueur,
Si j’invoquai toujours son vrai nom dans mon cœur,
C’est que j’avais appris ce nom de votre bouche.

Né dans un temps rebelle à prononcer : Je crois !
J’ai payé le tribut à ses erreurs funèbres ;
Mais, pour me retrouver, du fond de ses ténèbres,
Je vous voyais marchant au chemin de la croix.