Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/297

Cette page n’a pas encore été corrigée

En vain, de votre loi disant la fin prochaine,
La luxure s’indigne et l’orgueil se déchaîne,
Votre calice amer, librement accepté,
Est la seule grandeur de notre humanité.
Quelques âmes toujours s’offriront pour y boire,
O Christ, et, de l’amour attestant la victoire,
Toujours, prompt à jaillir par le flanc de quelqu’un,
Votre sang coulera pour le salut commun.

Œuvre de nos douleurs, ainsi vers Dieu s’élève
La cité que vit Jean dans son sublime rêve,
La cité du bonheur qui ne doit pas finir ;
Vous lui tournez le dos, vous, chercheurs d’avenir !
Chaque homme, cependant, doit apporter sa pierre
À ces murs cimentés par l’esprit de lumière ;
Et l’asile, enrichi par tous les cœurs pieux,
S’achevant ici-bas s’ouvrira dans les cieux.

Ici-bas des élus la troupe militante
Passe comme un guerrier prêt à plier sa tente,
Comme un rude ouvrier, parti dès le matin,
Travaillant jusqu’au soir, mais pour un prix certain.
Ici-bas le Seigneur à chacun nous assigne
Nos heures de labeur pour féconder sa vigne ;
Mais le vin précieux qui sera récolté