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L’impie en son audace y prévaudra toujours ;
Nul ne s’y garde pur que par votre secours ;
Le voile épais des sens y tient les cœurs dans l’ombre,
Et les lois de la chair sont la loi du grand nombre.

Oui, la terre appartient tout entière aux méchants ;
Leurs sillons chaque jour empiètent sur nos champs ;
La nature est pour eux aveugle en sa largesse ;
Tout admire ou subit leur frivole sagesse ;
Les âmes et les corps, les murs de la cité,
Tout accepte le sceau de leur difformité.

Cependant, au milieu des Babels de l’impie,
Subsiste et s’agrandit la ville où l’on expie,
La cité des élus, plus vaste que Sion,
L’Église qui s’unit à votre passion.
Là vous avez, ô Christ, sous le cèdre ou le chaume,
Mais dans le seul esprit, fondé votre royaume ;
Là votre main conduit, dans leurs âpres sentiers,
Du fardeau de la croix les pieux héritiers,
Qui soumis, avec vous, aux sarcasmes infâmes,
Travaillent sans relâche à la cité des âmes.

L’œuvre se poursuivra dans toute sa splendeur,
Tant que la charité fera battre un seul cœur.