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II

Dans les cités sans lois, hormis les lois infâmes
Des libres appétits qui gouvernent les âmes,
Tout à sa folle orgie, un peuple insoucieux
Mange les derniers grains du grenier des aïeux ;
Sans savoir, l’insensé ! qu’en sa longue révolte,
Il use le sol même avec chaque récolte.

Car le sol nourricier, domaine des humains,
Comme il peut s’enrichir s’épuise entre nos mains.
Hélas ! les pleurs de l’homme et sa sueur austère
Sont le sel nécessaire aux vertus de la terre.

L’homme n’obtient son pain, éternel indigent,
Qu’en vouant à la terre un culte intelligent ;
Elle n’a de bonté, de vertu productive,
Que la vertu de l’âme et du bras qui cultive.
Quand l’esprit est aveugle et quand les reins sont mous,
Toute vigueur du sol se tourne contre nous ;
Et, de ces mêmes flancs, pleins de moissons fertiles,
La terre fait jaillir la ronce et les reptiles.