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Mais du baume à nos cœurs par votre amour offert,
Pour savoir tout le prix il faut avoir souffert ;
Et, chargé d’une croix, vous avoir rencontrées
Telles que le Calvaire au Christ vous a montrées,
Belles de la beauté que vous donnent les pleurs,
Et voulant votre part de toutes nos douleurs.
Il faut, tout frissonnant des sueurs qui nous baignent,
Ceint de l’affreux bandeau sous qui les tempes saignent,
Avoir senti son front par vos mains essuyé,
Et sur vos bras tremblants s’être une heure appuyé.
Il faut, quand notre honneur souillé de calomnies,
Tombe aux pieds de la foule et roule aux gémonies,
Entendre à notre nom lâchement insulté,
Vos voix, en le disant, rendre sa pureté.

Comme, d’un monde aveugle oubliant les huées,
Nos âmes, par sa haine à peine remuées,
Sentent dans vos discours un Dieu qui nous bénit !
Comme, à côté de vous, le chemin s’aplanit !
Comme une seule larme, à vos yeux échappée,
Adoucit tout le fiel dont l’éponge est trempée,
Et comme, en les touchant, vous fermez sous vos doigts
Les stigmates saignants des clous et de la croix !