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Ô femmes ! les grands cœurs par la foule opprimés,
Les proscrits, les souffrants sont ceux que vous aimez.
Le Dieu que l’on flagelle et l’autel qu’on insulte,
Ont votre foi toujours et toujours votre culte ;
Si la pitié vous montre une âme à soulager,
Votre ardente faiblesse appelant le danger
Près d’elle a fait pâlir le plus fort, le plus sage ;
Car c’est de votre amour que naît votre courage.

Pour guérir les blessés, les lépreux des chemins,
Quand Dieu touche leurs cœurs, il se sert de vos mains.
Ah ! quel homme en naissant, maudit de corps et d’âme,
Vieillit sans rien devoir aux bienfaits d’une femme,
Et, dans l’ombre plongé dès avant son sommeil,
Meurt sans avoir joui d’un rayon de soleil ?
Le plus triste a son heure et son éclair de joie,
Sa révélation que le bonheur envoie ;
Car vivre sans y croire et l’entrevoir un peu,
C’est ignorer le ciel et jusqu’au nom de Dieu !
Mais dans ce vide affreux, sans t’y faire connaître,
Tu ne laisses jamais une pauvre âme, ô Maître !
C’est pourquoi ton sourire, éclairant notre nuit,
Habite dans la femme et par ses yeux nous luit ;
Tout homme participe à sa vertu calmante,
Et bénit ou la mère, ou la sœur, ou l’amante.