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Or, pendant l’œuvre affreuse, auprès d’eux prosternées,
Vers la face du Christ les femmes sont tournées,
Ne quittant pas ses yeux, comme si leur regard
Allégeait ses tourments en en prenant leur part.
Lui, sur son front, noyé dans les sueurs sanglantes,
A d’un sourire encor les clartés consolantes,
Et, par moments, au lieu de l’ami torturé
Fait luire aux cœurs des siens le Dieu transfiguré.

Sur les quatre horizons, quand la croix fut dressée,
Dans vos bras, tour à tour, vous la teniez pressée,
Et l’arbre de salut, sur vous, en gémissant
Répandait sa rosée et de pleurs et de sang.
Vos lèvres, à ses pieds, jusqu’à l’heure dernière,
Ont réjoui son cœur du bruit de la prière.
Vous l’avez vu donner aux bourreaux leur pardon ;
Et lorsque, de son Père accusant l’abandon,
Quand la mort l’entourait des horreurs de son ombre,
Le doute l’effleura d’une aile froide et sombre,
O femmes ! il vous vit ; il sentit, devant vous,
La douceur de mourir pour le salut de tous,
Et comprit que sa vie Rivait été féconde
Pour fonder de l’amour le royaume en ce monde.

Du pieux testament il vous eut pour témoins,