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Et lui, de ce fardeau dont l’homme l’a chargé,
Ah ! combien doucement vous l’avez soulagé !
Comme, à travers vos yeux, les rayons de vos âmes
Fortifiaient son cœur en y lançant leurs flammes ;
Combien dans son martyre, à chaque accablement,
Vous lui donniez de calme et de joie en l’aimant !

Quand du rude trajet les bourreaux las eux-mêmes,
Assouvis à la fin de coups et d’anathèmes,
S’écartent pour s’asseoir sur le bord des chemins
Où Jésus, épuisé, se traîne sur ses mains,
Vous accourez, ô vous que la souffrance attire,
Et donnez de vos pleurs le baume à son martyre.

C’est ainsi qu’étanchant ton sang et tes sueurs,
De ta face, où perçaient de célestes lueurs,
L’une d’elles, ô Christ, dans une molle étreinte,
Sur un lin vierge et blanc a dérobé l’empreinte ;
Pour que l’homme connût dans toute sa beauté
Ce front où des douleurs siégeait la majesté.

Mais jusqu’au faîte où va s’achever le supplice,
L’innocent a gravi le mont du sacrifice ;
Pour fixer par des clous ses membres sur le bois,
Les bourreaux sont courbés aux deux bouts de la croix.