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La mort a des terreurs même à qui se dévoue ;
Le Calvaire est affreux, c’est un Dieu qui l’avoue.
O Jésus, votre corps, en holocauste offert,
Dans ce trajet sanglant, sans doute, a bien souffert !
Mais le plus rude assaut de l’heure expiatoire,
Le calice mortel qu’on refuse de boire,
Cet infini du mal que vous aperceviez
Pendant votre agonie au mont des Oliviers,
O Maître, ce n’était ni la roche escarpée,
Ni la croix, ni le fiel dont l’éponge est trempée,
Ni la dérision du sceptre de roseaux,
Ni la lance et les clous prêts à percer vos os !…
Cette suprême horreur, non, ce n’était pas même
Ceux pour qui vous mouriez vous jetant l’anathème,
Tout Israël ingrat préférant Barrabas,
Non !… pas même, ô Seigneur, le baiser de Judas !

Moi je sais, — s’il se peut qu’un grand amour m’obtienne
Dans une âme de Dieu de lire avec la mienne, —
Je sais ce qui du Christ causa l’abattement,
Et de sa passion le plus cruel moment :
C’est quand, cherchant des yeux, au bas de la montagne,
Si de ses douze élus le groupe l’accompagne,
Souriant aux bourreaux, le cœur plein de pardon,