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« Car la meilleure part est celle de Marie ! »

Vous avez dit cela, jugeant, un jour, Seigneur,
Les hommes du dehors et l’homme intérieur.

Il est des vases d’or scellés dans son royaume,
Des cœurs venus de lui pleins d’un céleste baume ;
Il est, même ici-bas, des encensoirs vivants,
Des calices vermeils respectés par les vents,
Où du ciel lentement la pluie est déposée ;
Le soleil frappe-t-il ces cœurs pleins de rosée,
Un enfant vers l’autel va-t-il les découvrir…
Sans embaumer le temple ils ne peuvent s’ouvrir !
Mais pour livrer sa neige au rayon qui l’effleure,
Pour fumer à l’autel, quand vient le jour et l’heure,
Il faut que le beau lis que nul doigt n’a meurtri,
Loin des vents et de l’homme.ait pu croître à l’abri ;
Que les charbons ardents, renfermés dans le vase,
Attendent l’encens pur et le feu de l’extase,
Et qu’ils ne s’usent pas, au souffle des passants,
Ainsi qu’un fourneau vil ouvert à tous les vents !
Oserez-vous faucher l’iris et les narcisses
Comme le foin des prés, litière des génisses ?
L’or pur des encensoirs est-il un or perdu ?
Hommes ! malheur à vous quand vous l’aurez fondu,