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Brise d’en haut venue, haleine de cinname,
Qui descend du Seigneur et remonte de l’âme !

O larmes ! ô pardon de toute iniquité !
O parfums, gardiens de toute pureté !

Pleurez, ô Madeleine ! et quand la sève monte
Laissez l’arbre saigner ! versez vos pleurs sans honte !
Épuisez lentement leur calice azuré ;
Oh ! les pleurs sont bénis : le Seigneur a pleuré !

Maître, je vous ai vu comme une âme exilée
Errer le soir, au bord des lacs de Galilée ;
La barque reposait dans l’eau bleue et sans plis,
Et les frères dormaient sur leurs filets remplis.
Vous, sans qu’un bruit profane osât troubler vos rêves,
Vous marchiez lentement sur le sable des grèves,
Et vos regards, errants de l’un à l’autre azur,
Semblaient interroger la mer et le ciel pur.
Quelquefois, appuyé contre une roche grise,
Votre beau front levé du côté de la brise,
Debout, vous écoutiez, croisant vos bras distraits :
Et là, quels bruits lointains, ineffables, secrets,
Quelles voix, du désert ou de la mer venues,
Quels mots mystérieux éclataient dans les nues