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Oh ! s’ils viennent pensifs s’asseoir entre vos fêtes,
Versez l’ambre et le nard sur les pieds des prophètes ;
A vos larmes d’amour, au fond des urnes d’or,
Mêlez pour eux les pleurs des roses de Ségor !
Est-ce donc pour la brise ou l’ombre solitaire
Que Dieu mit des parfums dans les fleurs de la terre ?
Est-ce pour y mourir, desséché par l’orgueil,
Qu’un ruisseau tiède et pur tremble au fond de chaque œil,
Et pour s’éteindre, avant de jeter une flamme,
Qu’un doux soleil se lève au matin de notre âme ?

Seigneur, quand vous avez en un cœur sans détour
De la perfection semé le noble amour,
Qu’ensuite vous ouvrez à ces âmes ailées
Un champ libre à travers vos œuvres étoilées,
Vos splendides jardins, votre ciel argenté,
Et tout ce qui nous voile enfin votre beauté :
Si quelque pauvre enfant que votre soif dévore,
Et qui pour vous chercher s’est levé dès l’aurore,
D’une merveille à l’autre, avant de vous trouver,
Vole, et lassé s’y pose un instant pour rêver,
Dans le creux de sa main puise au bord des fontaines,
Et sans route frayée en ces terres lointaines,
S’égare et dort un soir, doucement attiré,