Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/249

Cette page n’a pas encore été corrigée

Or, autour du festin les Douze se rangèrent,
Et les baisers de paix entre eux tous s’échangèrent.

Et le Maître s’assit : ses regards étaient doux ;
Son front blanc, couronné par de longs cheveux roux,
Avait dans sa beauté sereine et reposée
Une grâce ineffable et pleine de pensée ;
L’ardente charité, nimbe d’or et de feu,
Rayonnait de sa face avec l’esprit de Dieu.
Un manteau bleu s’ouvrait sur sa rouge tunique,
Ouvrage de sa mère et d’une pièce unique,
Mystérieux tissu qu’un prophète chanta,
Voile du corps sacré promis au Golgotha.
Devant Jésus était le pécheur d’hommes, Pierre,
Le futur fondement de son Église entière,
Né pour la foi robuste et fait à l’action,
Tête chauve et brunie où vit la passion.
Mais la meilleure place était celle d’un autre,
Jeune homme aux blonds cheveux, chaste et suave apôtre !
Et qui, les yeux rêveurs et baignés à demi,
S’appuyait sur le sein de son divin ami,
Ame où le Christ versait sa parole secrète,
Jean, l’élu de son cœur, le disciple poëte !

Et la sainte amitié, vin des vignes du ciel,